26/02/2019

L’influence de la rivalité franco-italienne sur la Libye

Par Ahmed Qassem Hussein

La compétition entre les puissances régionales et internationales rythme désormais l’évolution de la crise libyenne, et plus particulièrement celle qui oppose la France à l’Italie, deux pays européens qui se démarquent en Libye par leur niveau d’implication et la versatilité de leurs actions, menées en fonction de leurs intérêts respectifs. Malgré leur reconnaissance conjointe de l’accord politique libyen de Skhirat (signé en décembre 2015) et des arrangements qui en découlent, et leur attachement manifeste au discours européen sur la nécessité de parvenir à une solution diplomatique pacifique à la crise libyenne, la tension n’a cessé de monter entre les deux voisins. De divergences en désaccords, ils se livrent désormais à une surenchère de déclarations offensives. Ainsi, le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur italien Matteo Salvini, dirigeant du parti d’extrême droite la Ligue du Nord, a accusé la France de « voler les biens de l’Afrique » et de ne « pas s’intéresser à la stabilisation de la Libye, parce qu’elle a des intérêts pétroliers contraires à ceux de l’Italie[1] ». Cette déclaration a fait suite à celle de Luigi di Maio, second adjoint du chef du gouvernement italien et leader du mouvement populiste Cinq étoiles, où il qualifiait le franc CFA de « monnaie coloniale », en référence à la monnaie commune à quatorze pays d’Afrique occidentale, héritage de la colonisation française. Il avait déjà affirmé son soutien aux « Gilets jaunes » et la volonté de son parti d’aider le mouvement de protestation français à créer un système de démocratie directe sur Internet[2]. Ses critiques acerbes envers les autorités françaises se voulaient une réponse au propos du président français Emmanuel Macaron qui avait dénoncé, le 21 juin 2018, la « lèpre qui monte en Europe », visant sans le nommer le gouvernement italien, considéré comme nationaliste et populiste.

Cet affrontement verbal entre les responsables italiens et français traduit l’ampleur des divergences et des contradictions entre leurs visions et leurs intérêts respectifs sur la scène libyenne, et risque de déboucher sur une crise diplomatique, ce qui affecterait les capacités de l’UE à trouver une solution commune à la crise libyenne qui constitue une menace pour la sécurité des pays européens, et notamment ceux qui bordent la Méditerranée. À cet égard, Margaritis Shinas, porte-parole de la Commission européenne, a invité la France et l’Italie à mettre un terme à l’escalade verbale et à favoriser le dialogue et la coopération plutôt que l’échange d’accusations et de répliques[3].

 

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Ahmed Qassem Hussein

Chercheur à l’Arab Center for Research and Policy Studies (Doha) et rédacteur en chef de la revue Siyasat arabia (« Politiques arabes »). Après un doctorat en Relations internationales obtenu à l’université de Florence, il a été chargé de cours à la Faculté de Sciences politiques de l’université de Damas. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et travaux sur les relations internationales.

La sécurité européenne commence à la frontière libyenne

La révolution libyenne, initialement civile et populaire, a été marquée depuis ses débuts par une présence active et influente des puissances régionales et internationales. L’intervention militaire étrangère a d’ailleurs été le facteur décisif dans le renversement du régime du colonel Mouammar Kadhafi en 2011, avec l’attaque lancée par les forces de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) contre ses fiefs au lendemain de l’adoption de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’Organisation des nations unies (ONU), dont l’objectif affiché est de « protéger la population civile en Libye ». Les pays engagés, France en tête, ont fondé leur action sur la demande formulée par le Conseil national de transition en tant que représentant légitime du peuple libyen. Dès la chute de Kadhafi, des élections parlementaires (conseil national) libres et équitables ont été organisées le 7 juillet 2011 pour la première fois en Libye, avec une forte participation des citoyens. Cependant, ce processus politique a été rapidement entravé par divers facteurs tant internes (chaos des armes, effondrement des institutions de l’État, insécurité) qu’externes (intérêts contradictoires des puissances étrangères, en particulier pendant la période de transition). Les puissances étrangères ont contribué au soutien financier et politique des acteurs locaux influents afin de servir leurs intérêts et d’accroître leur emprise. Le rôle des forces extérieures, et plus particulièrement de l’Italie et de la France, a atteint le niveau d’une intervention militaire directe, exacerbant ainsi une crise qui constitue désormais une menace pour la sécurité de plusieurs États européens, qui déterminent les frontières de leur sécurité nationale à partir du territoire libyen.

Par conséquent, le contrôle et la régulation des frontières méridionale et septentrionale de la Libye constituent une priorité pour la sécurité nationale des États de l’UE, qui se sont efforcés d’élaborer des plans d’action pour contrôler le littoral libyen, principal point de départ des bateaux de migrants. Pour y parvenir, ils ont mis en place des dispositifs de coordination impliquant différents services et organismes européens, afin de limiter l’immigration et de surveiller les réseaux de trafic d’êtres humains. Les plus importants sont l’Euroforce, formée de groupes de forces navales et d’infanterie, l’Agence européenne pour le contrôle des frontières extérieures (Frontex), et le processus de Sofia lancé par l’Union européenne le 22 juin 2015 pour faire face au phénomène de l’immigration clandestine, le trafic de personnes, le crime organisé transfrontalier, le contrôle des flux migratoires et des menaces y afférant aux frontières méridionales, ainsi qu’un certain nombre d’opérations militaires lancées par Rome et Paris à partir du territoire libyen.

La quête d’influence française en Libye

Depuis le déclenchement de la révolution le 17 février 2011, le rôle de la France n’a cessé de croître en Libye, l’ancien président Nicolas Sarkozy s’étant montré particulièrement enthousiaste à l’idée de participer à la campagne militaire qui a mis fin au régime du colonel Kadhafi. Elle a tenté de récolter des bénéfices politiques et économiques en renforçant son influence sur un territoire dont le positionnement géopolitique et les ressources naturelles sont prisés. Au sein des institutions européennes, la France a constamment adopté des stratégies d’action en Libye fondées sur l’équilibre des intérêts et la crainte d’un basculement dans la guerre civile. Cependant, en 2016, Paris s’est vue obligée[4] de sortir du silence, avec l’annonce par l’ancien président François Hollande de l’assassinat de trois soldats français dans l’ouest de Benghazi, par suite du crash de leur hélicoptère. La présence militaire française dans l’est de la Libye a pour objectif d’appuyer les forces du maréchal Khalifa Haftar. De fait, la prise de position de Paris est totalement biaisée en faveur d’un seul camp, malgré sa reconnaissance explicite de l’accord politique et du gouvernement de Fayez el-Sarraj à Tripoli comme gouvernement légitime du pays.

L’intérêt français pour le dossier libyen s’est intensifié avec l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a ainsi déclaré dans une interview accordée en juin 2017 au journal Le Monde, que la Libye était une des priorités du président[5]. Une réunion parrainée par le président s’est tenue à Paris le 25 juillet 2017 en présence de Fayez el-Sarraj et Khalifa Haftar. Elle visait à appuyer le processus politique en Libye et a coïncidé avec la prise de fonction de Ghassan Salameh, nouveau représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU. On peut supposer que les Français désiraient imposer une nouvelle donne sur la scène politique libyenne que le nouveau représentant international ne pouvait en aucun cas outrepasser ou ignorer, et qu’ils sont ainsi parvenus à s’imposer comme les uniques détenteurs de la solution à la crise politique libyenne.

La décision unilatérale de Paris a suscité la colère des dirigeants italiens qui se sont offusqués de n’avoir pas été conviés à cette réunion. De plus, ils n’ont été tenus informés de ses aboutissants que par le truchement de personnalités proches de el-Sarraj et Haftar. Pour l’Italie, la France a cherché à monopoliser le dossier libyen, et se substituer aux dirigeants italiens en tant que conducteurs de la locomotive des efforts diplomatiques et de coordination européenne en Libye. Toutefois, la réunion n’a rien apporté de nouveau et n’a permis aucune percée décisive sur le front de la crise politique libyenne.

À l’époque, l’action italienne mettait l’accent sur la nécessité de traiter avec le Gouvernement d’entente nationale et de le soutenir, tout en restant ouvert au dialogue avec tous les partis libyens, en particulier dans la ville de Misrata. De son côté, la France continuait à chercher des cartes susceptibles de renforcer son influence en Libye afin de s’y imposer comme un acteur-clé. À cet égard ses dirigeants ont tenté d’organiser une réunion rassemblant les parties du conflit en Libye. En mars 2018, l’occasion leur a semblé favorable à l’issue des élections législatives italiennes qui ont conduit à la formation d’une coalition gouvernementale entre la Ligue du Nord et Cinq étoiles. En effet, les deux partis avaient critiqué les politiques économiques et sociales de l’ancien Premier ministre Matteo Renzi et sa gestion de la politique étrangère italienne, notamment sur le dossier libyen. Ils avaient appelé à une politique plus ouverte à l’égard de Khalifa Haftar, estimant qu’il était l’acteur le plus influent et le plus à même de lutter contre l’immigration clandestine et les mouvements terroristes. Ainsi, certains dirigeants de cette coalition, conduits par Matteo Salvini, estimaient également que les politiques de Moscou en Libye ou en Syrie étaient plus efficaces que les celles de l’UE. La France estimait ainsi que les orientations prises par le nouveau gouvernement italien dirigé par Giuseppe Conti, étaient floues et qu’il était temps de prendre le dossier en main, et ce d’autant plus que l’absence de stratégie américaine à l’égard de la crise libyenne lui semblait favorable.

Pour ce faire, le président Macron a chargé les services de renseignements français et le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, de faire pression sur les partis libyens pour qu’ils se réunissent à Paris, et qu’ils élargissent leurs contacts afin d’inclure le président du Parlement libyen, Akila Saleh, Khalifa Haftar et le président élu du Conseil d’État, Khaled al-Mashri. Vues de Rome et selon une source du ministère italien des Affaires étrangères, les initiatives de Paris n’étaient que de la politique spectacle et n’ont donné lieu à aucun progrès significatif à l’égard du processus politique libyen et de la stabilité dans la région.

L’action diplomatique française a atteint son point culminant avec la conférence organisée à Paris en mai 2018 pour discuter des développements de la crise libyenne Parrainée par le président, elle a réuni les quatre principaux acteurs du processus politique libyen : le président du Conseil présidentiel du Gouvernement d’entente nationale Fayez el-Sarraj, Khaled al-Mashri, Khalifa Haftar, et Akila Saleh. Des représentants de vingt pays y ont participé, dont les pays frontaliers de la Libye (Tunisie, Égypte, Algérie), et ceux exerçant une influence sur sa scène politique interne (le Qatar, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et la Turquie[6]).

Les participants ont convenu de la nécessité de tenir des élections législatives et présidentielles à la fin de l’année 2018, sous le contrôle de la Commission électorale et du Gouvernement d’entente nationale. Désireux de comprendre les manœuvres de Paris, l’ambassadeur italien à Tripoli, Giuseppe Perrone, s’est empressé de rencontrer el-Sarraj, et de l’assurer du soutien de son pays au Gouvernement d’entente nationale et à l’initiative de Ghassan Salamé pour une solution de la crise libyenne. Perrone a également affirmé son appui au processus démocratique menant à des élections présidentielles et législatives, prévu dans l’initiative Salamé le 20 septembre 2017. Par cette démarche, l’Italie signifiait son rejet des conclusions de la Conférence de Paris, considérée comme une tentative française d’éluder le rôle de l’Italie en Libye[7]. Elle signifiait également qu’elle était en mesure de neutraliser les accords de Paris, d’autant plus que ces derniers n’incluaient pas tous les acteurs politiques et militaires et que les élections n’étaient prévues que pour la fin de l’année 2018 du fait de la difficulté à les organiser dans le chaos des armes et l’effondrement des institutions de l’État.

En définitive, la France cherche à préserver ses intérêts économiques en Afrique en général, et en Libye en particulier, compte tenu des défis stratégiques auxquels elle est confrontée au niveau international. Ainsi, l’ingérence dans les affaires libyennes reflète une orientation qui s’inscrit dans le cadre d’un examen approfondi imposé par la nouvelle réflexion stratégique française sur les politiques militaires et de sécurité extérieure. La France veut être perçue comme la force européenne la plus dynamique, dotée des meilleures capacités d’action dans le contexte des transformations que connaît l’Union européenne, et la mieux placée pour nouer des partenariats politiques et sécuritaires pour assurer sa sécurité et ses intérêts au Sahel. Elle a entretenu des relations militaires, économiques et culturelles avec ses anciennes colonies en s’appuyant sur une importante présence armée et des accords de coopération militaires, et en allant jusqu’à intervenir militairement dans ces pays en cas de changements affectant les intérêts français. Le sud de la Libye, riche en ressources naturelles, est territoire-clé pour la stratégie française qui repose en partie sur les forces de Khalifa Haftar. Ces dernières y ont mené une opération militaire d’envergure pour combattre les éléments de l’État islamique, contrôler les frontières, et juguler le flux de migrants se dirigeant vers les rives de la Méditerranée. Les forces du maréchal Haftar ont appelé les groupes armés – principalement des combattants tribaux – présents dans cette zone à se retirer des installations civiles et militaires[8]. Cette opération a provoqué la colère des dirigeants italiens qui considèrent la Libye comme une zone d’influence historique et une source d’énergie à la fois proche et importante. Sans oublier les menaces sécuritaires liées à l’immigration clandestine, qui constituent également un facteur déterminant de la politique étrangère de Rome à l’égard de la Libye.

Les tentatives de Rome pour revenir sur le devant de la scène

Rome a rapidement remarqué, dès le déclenchement des opérations militaires contre le régime de Kadhafi, les premières tentatives de Paris pour maximiser son influence en Libye. Elle a sitôt cherché à y maintenir son influence, pour des raisons à la fois historiques (la Libye était une colonie italienne jusqu’à son indépendance en 1951), sécuritaires (proximité géographique), mais aussi économiques (présence via l’activité du géant des hydrocarbures ENI, bras économique de l’Italie en Libye, malgré le blocus et les sanctions imposées par la communauté internationale).

L’action diplomatique italienne au sein de l’Union européenne a été intense et efficace ces derniers temps. L’Italie souhaitait que les pays de l’UE reconnaissent son rôle de locomotive européenne en Libye, et que l’influence de Paris y soit limitée, plus particulièrement dans le Sud libyen, principale porte d’accès français aux pays du Sahel. Pour ce faire, elle a agi dans le cadre du comité mixte italo-libyen tenu à Rome en septembre 2017. Les réunions de ce comité ont abouti à un accord sur la mise en œuvre, à la frontière sud de la Libye, d’un projet financé par l’Union européenne dans le cadre duquel une mission italienne a été chargée d’établir des bases logistiques pour les opérations des gardes-frontières libyens[9]. Rome a justifié cette mission en se fondant sur des renseignements selon lesquels des combattants étrangers se préparaient à suivre une piste militaire et à se déployer individuellement en Europe via les voies de migration restées ouvertes. En effet, la coopération politique entre les pays africains et la Libye en matière de gestion des frontières facilite l’activité des passeurs, le Gouvernement d’entente nationale étant incapable de contrôler la frontière sud qui est située en grande partie dans le désert, s’étend sur 4200 km, et délimite six pays (Tchad, Niger, Soudan, Algérie, Tunisie et Égypte).

La région sud-ouest du pays est également hautement stratégique, avec un potentiel de pompage de plus de 400 000 barils de pétrole brut par jour[10] et son importante réserve de gaz naturel qui place l’industrie pétrolière et gazière au centre de son redressement, la plupart de la production étant exportée vers l’Italie via l’oléoduc maritime du Torrent Vert qui aboutit en Sicile. Une grande partie de cette production a été limitée ces deux dernières années car des groupes armés du nord ont fermé l’oléoduc reliant les champs aux terminaux d’exportation. La progression du maréchal Haftar dans cette région, avec l’appui de la France, l’a rapproché d’une zone d’influence vitale pour l’Italie. C’est pourquoi elle a encouragé le Conseil d’État à nommer un commandant militaire pour la région sud moins de deux semaines après l’annonce du lancement d’une opération militaire dans le Sud-Ouest et l’arrivée dans la ville de Sebha de forces militaires affiliées qui ont rapidement déclaré contrôler les sièges des forces de sécurité dans la région[11].

Après la prise de contrôle des installations pétrolières par les forces de Khalifa Haftar et l’expulsion des gardes dirigés par Ibrahim Aljedran, la présence active de Rome s’est amoindrie dans une région – le « croissant pétrolier » – qui revêt une importance géopolitique majeure. Le nouveau gouvernement italien a donc adopté un nouveau plan d’action en Libye, en réaction à la concurrence ouverte avec la France et à l’attitude du gouvernement précédent dirigé par Matteo Renzi, qui se contentait d’apporter son soutien au Gouvernement d’entente nationale et limitait ses relations politiques et sécuritaires avec les formations et les forces militaires dans l’est de la Libye. Il a commencé à établir des liens de confiance avec l’Est libyen, en particulier avec Khalifa Haftar. Des responsables italiens s’y sont rendus à plusieurs reprises, la dernière visite en date étant celle du ministre italien des Affaires étrangères pour y rencontrer Haftar, aujourd’hui considéré par l’Italie comme un interlocuteur incontournable en Libye[12]. Ce dernier a souligné par ailleurs l’importance du rôle du président du Conseil présidentiel du Gouvernement d’entente nationale, Fayez el-Sarraj, et affirmé qu’il demeurait l’interlocuteur privilégié. L’Italie a également cherché à nouer des relations de confiance avec les puissances régionales influentes sur la scène politique libyenne, et à empêcher la France de monopoliser le contact avec ces puissances et de faire pression sur elles, et en premier lieu sur les deux voisins directs de la Libye (Algérie et Égypte). En parallèle, Rome a continué de chercher l’appui de l’Union européenne dans ses initiatives libyennes, et l’a obtenu : Federica Mogherini, haut-commissaire à la politique étrangère européenne, a ainsi annoncé sa participation personnelle, au nom de l’UE, aux travaux de la Conférence de Palerme sur la Libye, qui s’est tenue en novembre 2018. La chancelière allemande Angela Merkel a également déclaré qu’elle soutenait les initiatives italiennes sur la Libye plutôt que celles proposées par la France[13].

Conclusion

Le comportement des acteurs sur la scène internationale est marqué par la compétition, notamment lorsque des intérêts économiques sont en jeu. Ce constat s’applique particulièrement à l’Italie et la France actuellement malgré les progrès réalisés dans le processus d’intégration des pays de l’UE et les avancées en matière de coopération et de coordination concernant les déterminants de la politique étrangère commune. Mais en présence des conflits d’intérêts, il semblerait que la compétition prenne le pas sur la coopération. Et celle qui oppose la France et l’Italie aujourd’hui explique en grande partie l’absence de progrès dans le processus politique libyen. La Libye se trouve ainsi exposée aux défis posés par les conflits des puissances régionales, leurs stratégies et intérêts contraires, qui accréditent de plus en plus le scénario d’un effondrement de l’État libyen.

(traduction de l’arabe par Abdallah Haddad)


Notes :
Les références ci-dessous renvoient à des liens en arabe, sauf mention contraire

[1] « L’Italien Salvini a déclaré que la France n’avait aucun intérêt à stabiliser la Libye » [anglais], Eurasia Diary, 22/1/2019, consulté le 26/1/2019 sur : https://goo.gl/SakyBj

[2]  « La France rappelle son ambassadeur en Italie pour protester contre les déclarations de Di Maio », Adnkronos International (AKI), 21/01/2019, consulté le 24/01/2019, sur : https://bit.ly/2RpDI9L

[3] « La Commission européenne demande à Rome et à Paris d’éviter toute interprétation erronée », Alwasat News, 22/1/2019, consulté le 24/1/2019  https://bit.ly/2UxBreB

[4] « Trois militaires français tués en Libye lors d’une mission », France 24 arabe, 20/07/2016, consulté le 18/04/2018 sur https://goo.gl/jcUwTX

[5] « Macron réunit les deux parties du conflit libyen près de Paris », Monte Carlo International, le 24/07/2017, consulté le 12/12/2018 sur : https://goo.gl/DpMUP1

[6] John Irish et Marine Pennetier, « Libye : Accord à Paris sur la tenue d’élections le 10 décembre », Reuters, le 29/05/2018, consulté le 25/01/2019 sur : https://goo.gl/G8Bgnn

[7] « L’Ambassadeur d’Italie à la » Conférence de Paris  » : nous ne reconnaissons que le plan d’action des Nations unies », Alwasat News, le 04/08/2018, consulté le https://goo.gl/SvTodg

[8] « Le maréchal Haftar lance une opération militaire pour « purger » le sud de la Libye des groupes armés », France 24 arabe, le 17/01/2019, consulté le 25/01/2019 sur :https://goo.gl/Fcqf5Q

[9] « L’Italie commence la construction d’une base militaire dans le sud de la Libye en accord avec le gouvernement de l’entente », Iwan Libya, le 16/09/2017, consulté le 25/1/2018 sur : https://goo.gl/5o1fJf

[10] « Comment la région libyenne de Fezzan est devenue l’une des nouvelles frontières de l’Europe ? », rapport n°179, International Crisis Group, le 31/ 07/22017, consulté le 27/01/2019 sur : https://goo.gl/hy5Pm9

[11] « Le Conseil d’État examine la situation en matière de sécurité et nomme le commandant de la zone militaire du sud », Alwasat News, le 27/01/2019, consulté le 27/01/2019 sur : https://goo.gl/mb73vJ

[12] « Le ministre italien des Affaires étrangères : Haftar est un interlocuteur indispensable », Adnkronos International (AKI), le 09/11/2018, consulté le 25/1/2019, sur: https://goo.gl/2FPcxW.

[13] « Merkel: nous soutenons l’initiative de l’Italie en Libye »,  Al Mutawassit, le 19/1/2019, consulté le 24/1/2019 sur : https://goo.gl/tbdnwR.