19/05/2025

Les pays du Golfe : fers de lance de l’agro-futurisme ?

Imaginaires, acteurs et territoires des ambitions agro-alimentaires
Par Delphine Acloque
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Les pays du Golfe[1],  situés dans la péninsule Arabique, font face à certaines des contraintes environnementales les plus sévères au monde. Ces États doivent composer avec une aridité extrême, des ressources en eau très limitées, une désertification accrue et des températures élevées, accentuées par le changement climatique global. Dans ce contexte difficile, ces pays affichent une ambition singulière : devenir des laboratoires de l’agriculture du futur, fondée sur l’innovation technologique, la maîtrise des environnements de production et une logistique ultra-efficiente (Acloque, Lavandier, 2025). Cette dynamique, que nous nommons « agro-futurisme du Golfe », se manifeste non seulement dans les discours politiques et économiques, mais aussi à travers une multitude de projets et méga-projets visant à attirer start-up, entrepreneurs, experts internationaux et capitaux, en vue de transformer en profondeur les modèles agricoles et alimentaires. Plus largement, l’agriculture devient un levier stratégique de diversification économique et de soft power à l’échelle régionale et mondiale.

Cet article explore les objectifs et les contenus de cette stratégie agro-futuriste dans les trois pays les plus en pointe – Arabie saoudite, Émirats arabes unis et Qatar – en examinant les visions, les acteurs, les outils et les territoires mobilisés. Ces ambitions s’inscrivent dans des « imaginaires socio-techniques ». Issu des travaux de Sheila Jasanoff (2015, p. 6), ce concept désigne « des visions collectives, institutionnellement stabilisées et publiquement mises en œuvre de futurs souhaitables […] et favorables aux progrès de la science et de la technologie ». Dans le Golfe, ces imaginaires sont en construction dynamique, incarnant une révolution agricole en cours, dont les ressorts scientifiques, techniques et sociaux méritent d’être éclairés. C’est ce caractère mouvant, encore non stabilisé, des transformations à l’œuvre que l’article propose d’analyser, à partir des stratégies de sécurité alimentaire des pays du Conseil de coopération des États arabes du Golfe (CCEAG), des visions qui les orientent et des modalités de leur mise en œuvre.

 

Delphine ACLOQUE

Delphine Acloque est agrégée et docteure en géographie, elle a soutenu une thèse consacrée aux enjeux socio-économiques et environnementaux de l’agriculture désertique en Égypte. Ses travaux ont reçu en 2020 le prix de thèse de la Maison méditerranéenne des sciences de l’homme, le 3e prix de l’Institut de l’Islam et des Sociétés du Monde musulman, ainsi que le prix de l’Académie d’agriculture (section économie et politique).
Elle est actuellement chercheuse associée au CEDEJ (Le Caire) et à l’UMR Citeres (Tours).

Assurer la sécurité alimentaire : une question existentielle

Contraintes environnementales et exacerbation des pressions sur les ressources

La péninsule Arabique est l’une des régions les plus contraignantes au monde sur le plan environnemental. Elle cumule aridité extrême, faibles précipitations, quasi-absence de ressources en eau de surface et surexploitation des eaux souterraines. La plupart des nappes exploitées sont fossiles, c’est-à-dire non renouvelables à l’échelle humaine, ce qui conduit à des niveaux d’exploitation largement supérieurs à leur taux de recharge, aggravant la salinisation des sols et la désertification croissante. Les ressources en eau par habitant (figure 1) pourraient diminuer de 50 % dans l’ensemble de la région d’ici 2050, engendrant des risques majeurs pour la sécurité alimentaire, mais aussi pour la stabilité socio-économique et politique des pays concernés.

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Figure 1 : La péninsule Arabique sous pressions hydriques majeures, 2023

L’agriculture pratiquée est entièrement irriguée, y compris dans des zones montagneuses comme Oman, où des canaux traditionnels appelés aflaj sont encore utilisés. Cette agriculture repose majoritairement sur les eaux souterraines, malgré les réglementations visant à limiter les forages et à interdire les cultures peu adaptées à l’environnement désertique. La surexploitation entraîne un recours généralisé au dessalement de l’eau, notamment dans les grandes exploitations qatariennes et koweïtiennes, où les nappes littorales subissent des intrusions marines.

Vulnérabilités et dilemmes de la sécurité alimentaire dans la péninsule Arabique

En juin 2017, le Qatar a subi un blocus imposé par plusieurs pays voisins (Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Bahreïn, Égypte), coupant ses voies traditionnelles d’approvisionnement par mer et par terre. Dépendant alors à 95 % des importations alimentaires, le pays s’est lancé dans une politique d’autosuffisance alimentaire ciblée, promouvant la production locale de produits périssables jugés stratégiques : lait frais, viande de poulet, œufs, légumes (tomates, concombres, choux, aubergines, courgettes). Cette politique a conduit à la construction quasi ex nihilo d’un secteur agricole sous impulsion étatique, illustrée par l’entreprise Baladna (« notre pays » en arabe). Devenue un symbole national de résilience, Baladna a importé des centaines de vaches Holstein depuis les États-Unis, l’Australie et l’Europe, et produit aujourd’hui 100 % des besoins nationaux en lait frais, avec un troupeau de 24 000 têtes. L’entreprise cherche désormais à exporter ce modèle à l’international (Algérie, Malaisie, Philippines, Ouzbékistan). Cependant, cette montée en puissance de la production locale soulève des questions cruciales quant à sa durabilité environnementale (notamment la consommation d’eau et d’énergie), sa dépendance aux intrants importés (fourrage, matériel agricole, produits vétérinaires), le coût des subventions publiques et la viabilité à long terme de ce modèle dans un climat déjà très chaud et humide en été.

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Figure 2 : Classement 2022 de l’Indice mondial de sécurité alimentaire — Global Food Security Index, Afrique du Nord et Moyen-Orient (source : Corteva - The Economist)

Au-delà du Qatar, tous les pays du Golfe — à l’exception du Yémen en guerre — ont inscrit la sécurité alimentaire au cœur de leurs agendas politiques, en réponse à une série de crises alimentaires depuis 2007-2008 et aux perturbations récentes du commerce mondial. Malgré leur forte dépendance aux importations, ils occupent des positions relativement élevées dans les classements mondiaux de sécurité alimentaire, grâce aux ressources financières mobilisées, à des politiques volontaristes et à des investissements logistiques. Par exemple, en 2022, les Émirats arabes unis se classaient au premier rang régional (Afrique du Nord et Moyen-Orient) et au 30e rang mondial sur 113 pays dans l’Indice mondial de sécurité alimentaire (figure 2). Le pays vise la première place à l’horizon 2051, comme l’affirme sa dernière stratégie nationale de sécurité alimentaire. Toutefois, l’interdépendance entre sécurité alimentaire, sécurité hydrique et sécurité nationale crée des dilemmes complexes. Faut-il privilégier une production locale, coûteuse en ressources et subventionnée, pour renforcer la résilience ? Ou bien s’appuyer sur les importations, avec le risque de ruptures d’approvisionnement en cas de crise géopolitique ou économique ? Seul un choix politique clair et de long terme permettra d’accroître véritablement la résilience des sociétés du Golfe.

Acteurs et outils des ambitions agroalimentaires

Les ambitions agroalimentaires des pays du Golfe reposent sur leur puissance financière, largement issue des revenus des hydrocarbures, encore majoritaires dans les recettes publiques, bien que leur poids varie selon les pays (figure 3).

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Figure 3 : Le poids toujours dominant, mais inégal, des hydrocarbures dans les revenus nationaux

Ces ressources sont mobilisées pour financer les « Visions » nationales et autres stratégies de développement à l’horizon 2030, 2040 ou 2050. L’objectif de ces documents stratégiques, souvent élaborés avec l’appui de grands cabinets de conseil internationaux, est de diversifier les économies, de sécuriser les ressources vitales (eau, énergie, alimentation) et de promouvoir les capacités d’influence et le rayonnement économique, financier, culturel ou diplomatique. Les revenus issus de la rente pétrolière et gazière alimentent notamment un vaste réseau d’acteurs publics et parapublics engagés dans la sécurité alimentaire, participant – directement ou indirectement – à de nombreuses opérations et investissements nationaux et internationaux. Acteurs décisifs, les fonds souverains disposent de leurs propres entités dédiées aux investissements agroalimentaires. L’exemple saoudien est particulièrement révélateur de la mobilisation de financements considérables par le Public Investment Fund (PIF) au service des méga-projets et des ambitions agroalimentaires de la Vision 2030, initiée et portée depuis 2016 par le prince héritier Mohammed ben Salmane. La société SALIC, détenue par le PIF, contribue à la sécurité alimentaire nationale par des prises de participation dans des multinationales de l’agrobusiness (Olam[2], Minerva Foods) et dans des entreprises publiques saoudiennes (Almarai, NADEC, Saudi Fisheries Company).

Par ailleurs, la priorité accordée aux solutions technologiques et à l’innovation (AgTech, FoodTech) se traduit par la multiplication de programmes spécifiques, tels que le programme Plant the Emirates aux Émirats arabes unis (figure 4). Des infrastructures et entités nouvelles sont également créées pour encourager l’innovation. Le projet Food Tech Valley à Dubaï vise ainsi à créer ex nihilo un hub accueillant recherche & développement, centre logistique alimentaire et exploitations d’agriculture verticale. Il se présente comme une « destination mondiale pour les start-up […] de l’écosystème alimentaire » et un « catalyseur pour transformer les Émirats arabes unis en un centre mondial de solutions technologiques pour l’agriculture et l’alimentation[3]».

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Figure 4 : Mise en scène et lancement du programme « Plant the Emirates » par le cheikh Mohammed ben Rachid Al Maktoum, vice-président et Premier ministre des Émirats arabes unis, octobre 2024 (source : https://gulfnews.com/, consulté le 24/02/2025)

Les centres de recherche et les universités, à l’image de la King Abdullah University for Science and Technology (KAUST[4]), au sud de Djeddah, bénéficient de dotations importantes pour équiper leurs laboratoires et attirer des experts et scientifiques internationaux de renom, dans une logique assumée de brain drain. Cette dépendance à l’expertise étrangère et aux entreprises internationales constitue cependant une vulnérabilité, malgré le lancement de plans de formation et de développement des compétences locales, comme le National Experts Program[5] aux Émirats arabes unis.

« Agro-futurisme » du Golfe : imaginaires socio-techniques et laboratoires des systèmes alimentaires du futur

Imaginer le futur des systèmes alimentaires depuis la péninsule Arabique

Face aux défis climatiques et environnementaux, les élites politico-économiques du Golfe multiplient les discours et les initiatives de nature techno-solutionniste, considérant la technologie comme la clé pour accroître la production, rationaliser l’usage des ressources et asseoir leur influence à l’échelle régionale et mondiale. Dans ce contexte de compétition régionale, chaque État cherche à se positionner comme un laboratoire et un hub des technologies agricoles adaptées à l’aridité : irrigation de précision, semences résistantes à la sécheresse, intelligence artificielle, modélisation climatique, agriculture en environnement contrôlé, aquaculture high-tech, fermentation de précision, etc. Les conditions climatiques extrêmes de la péninsule Arabique deviennent ainsi un atout : elles en font un espace-test idéal pour expérimenter les effets du changement climatique et préparer les solutions agricoles de demain. L’idée est de conférer aux déserts arabiques une nouvelle fonction et une position stratégique sur la carte agroalimentaire mondiale : celle de lieux incontournables pour tester, adapter et façonner les futurs modes de production et d’approvisionnement. Les « imaginaires socio-techniques » influencent ainsi non seulement les représentations de l’agriculture du futur, mais aussi ses géographies matérielles, entendues ici comme la matérialité des systèmes productifs et l’organisation concrète des territoires et des réseaux agroalimentaires.

Cette matérialité se traduit notamment par la multiplication des infrastructures d’agriculture high-tech, à l’instar des projets de serres intelligentes et d’agriculture verticale. Ces formes d’agriculture en atmosphère confinée relèvent d’un imaginaire du contrôle de la nature, articulé autour de trois axes principaux : le contrôle des conditions physiques de production (substrats, fertilisants, eau, lumière, CO₂) ; le contrôle des cycles productifs et l’affranchissement du cycle saisonnier ; le contrôle des risques sanitaires et biotechnologiques. Alors que les start-up du secteur agricole et alimentaire rencontrent de nombreuses difficultés à l’échelle mondiale ces derniers mois, les pays du Golfe semblent poursuivre leur course à l’agritech et à la foodtech, inscrite dans une ambition plus large d’influence et de rayonnement international.

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Figure 5 : L’agriculture verticale au cœur de l’agro-futurisme du Golfe

Les Émirats arabes unis sont pionniers dans le domaine de l’agriculture verticale à l’échelle de la péninsule, avec des entreprises comme Pure Harvest Smart Farms, fondée dès 2017 à Al-ʿAïn, ou Bustanica, qui approvisionne notamment la compagnie aérienne Emirates Airlines pour son hub de Dubaï et se lance dans le commerce électronique (figure 5). L’Arabie saoudite rivalise avec la construction de la plus grande ferme verticale du Moyen-Orient, fruit d’une coentreprise entre la société saoudienne Vertical Farms Company et le Taïwanais YesHealth Group, tout juste inaugurée[6] (figure 5).

Des imaginaires socio-techniques au service des ambitions (géo)politiques et économiques

Une position de centralité, voire de leadership, dans les systèmes alimentaires du futur est revendiquée par chacun des pays du CCEAG, avec une mobilisation croissante de l’Arabie saoudite, qui constitue le plus vaste marché de la région (figure 6). L’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Qatar (figure 7) rivalisent notamment pour attirer entrepreneurs, ingénieurs, consultants et conférenciers, lesquels jouent un double rôle de légitimation et d’orientation des agendas politiques et des priorités économiques. Ceux-ci défilent dans les arènes de discussion, sommets et grands salons professionnels, de plus en plus nombreux à être organisés dans le Golfe, à l’image de Gulfood à Dubaï ou de Saudi Agriculture à Riyad (figure 6). Ce réseau d’acteurs forme une coalition « avant-gardiste » qui élabore des visions sociotechniques de futurs possibles avant leur diffusion et leur adoption par des collectifs plus larges (Gugganig, 2024). Ces imaginaires d’avant-garde, mêlant rupture et innovations technologiques, sont loin d’être neutres (Foss Balo, 2015). Ils reflètent les intérêts de pays rentiers, dépendants des importations alimentaires, engagés dans des stratégies de diversification économique, de développement d’une économie de la connaissance et de construction d’un pouvoir d’influence. Les pays du CCEAG développent notamment un véritable activisme « agro-diplomatique », en tissant des liens étroits avec les grandes puissances agricoles comme les États-Unis, la Chine, l’Inde ou le Brésil, mais aussi avec des pays confrontés à l’aridité et à la rareté des ressources, en quête de solutions pour nourrir leurs populations, à l’image des États d’Asie centrale.

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Figure 6 : Publicité pour le salon Saudi Agriculture, Riyad, 2025
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Figure 7 : Rivalités intra-golfiques (source : Invest Qatar, 19/03/2023)

Les échanges et protocoles d’accords technologiques, industriels et économiques sont notamment soutenus par les agences de coopération rattachées aux ambassades.

Déserts d’Arabie, laboratoires d’une agriculture de rupture ?

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Figure 8 : Imaginaires du futur et leadership revendiqué par l’Arabie saoudite : le cas de Topian (projet NEOM) Source : https://www.neom.com/en-us/our-business/sectors/food, consulté le 26/04/2025

Le méga-projet NEOM, situé à l’ouest de l’Arabie saoudite, est emblématique de l’ambition du royaume de « révolutionner les systèmes alimentaires globaux » [7] (Figure 8). L’entreprise Topian, détenue à 100 % par le fonds souverain PIF, est l’acteur agroalimentaire clé de NEOM. Sa mission première est d’imaginer et de mettre en œuvre le futur agroalimentaire du pays, tout en contribuant à sa diffusion à l’échelle mondiale. Son objectif est de devenir « un phare pour le monde » et un futur « hub global pour la production alimentaire durable à l’échelle industrielle ». Topian revendique une transformation radicale des systèmes agroalimentaires globaux, fondée sur cinq piliers : une agriculture climato-intelligente, une aquaculture régénératrice, des aliments innovants (novel food), une nutrition personnalisée et un approvisionnement durable.

Son nom même — construit à partir de la racine grecque topos (lieu) et rappelant le terme utopia (hors de tout lieu) — est significatif. Topian symbolise la volonté de positionner l’Arabie saoudite et NEOM sur la carte régionale et mondiale de l’agriculture du futur, tout en se situant au-delà des contraintes physiques et des modèles territoriaux classiques. L’ambition affichée est en effet de redéfinir le rapport à l’espace et à l’environnement, en combinant maîtrise technologique du milieu et affranchissement vis-à-vis des limites naturelles. Le projet porté par Topian repose plus précisément sur trois ruptures fondamentales : une rupture technologique, à travers l’innovation agri-tech et la transformation radicale et disruptive des systèmes alimentaires ; une rupture géographique, par l’ambition de faire de NEOM un nouveau centre névralgique de l’agriculture mondiale ; et une rupture écologique, par une déconnexion croissante entre agriculture et environnement, remettant en question leur lien traditionnel.

Conclusion

Les pays du Golfe incarnent une forme singulière d’agro-futurisme, fondée sur les technologies avancées pour répondre à des contraintes environnementales extrêmes et à des enjeux critiques d’approvisionnement des populations. Portés par des « imaginaires socio-techniques » optimistes, ces États déploient des stratégies ambitieuses de sécurité alimentaire et rivalisent pour accueillir innovations, start-up et experts, dans l’objectif de devenir un laboratoire mondial de l’agriculture du futur. Cette dynamique constitue également un enjeu géopolitique et économique majeur, dans le cadre d’une compétition régionale exacerbée, menant à une surenchère d’effets d’annonce et limitant les possibilités de coopération intra-régionale. Ces imaginaires socio-techniques s’organisent autour de la promesse d’une émancipation vis-à-vis des contraintes environnementales, et de l’ambition des pays du Golfe de construire des plateformes techno-productives « hors-sol » (Acloque, 2020). Portées par une élite technique et managériale, ces plateformes apparaissent en rupture avec les communautés productives locales (inégalement présentes selon les pays), et occultent plus largement le passé ainsi que l’histoire longue des projets agricoles — et de leurs échecs — dans la région (Koch, 2019). Enfin, les récits dominants tendent à minimiser les conséquences environnementales, notamment en matière de consommation énergétique, qu’il s’agisse de climatiser les serres et de combattre l’humidité, de dessaler l’eau des nappes fossiles ou encore de traiter les eaux usées en vue de leur réutilisation pour l’irrigation.

Références bibliographiques

  • Delphine Acloque, « Le front pionnier agro-désertique égyptien, par-delà rural et ruralité ? », EchoGéo [en ligne], no 54, 2020, DOI : https://doi.org/10.4000/echogeo.20441
  • Delphine Acloque et Jérôme Lavandier, « Monarchies du Golfe : incontournables sur l’échiquier alimentaire mondial d’ici 2050 ? », dans Sébastien Abis (dir.), Le Déméter 2025 : Nourrir 2050 : de la fiction à la réalité, Paris, IRIS éditions, 2025, p. 155-187, DOI : https://doi.org/10.3917/iris.abis.2025.01.0155
  • Ingrid Foss Balo, « Imagining energy futures: Sociotechnical imaginaries of the future Smart Grid in Norway », Energy Research & Social Science, vol. 9, 2015, p. 9-20, ISSN 2214-6296, DOI : https://doi.org/10.1016/j.erss.2015.08.015
  • Stefan Gugganig, « Vanguard Visions of Vertical Farming: Envisaging and Contesting an Emerging Food Production System », Science, Technology, & Human Values, vol. 50, no 2, 2024, p. 387-418, DOI : https://doi.org/10.1177/01622439241240796
  • Sheila Jasanoff, « Future Imperfect: Science, Technology, and the Imaginations of Modernity », dans Sheila Jasanoff et Sang-Hyun Kim (dir.), Dreamscapes of Modernity: Sociotechnical Imaginaries and the Fabrication of Power, Chicago, University of Chicago Press, 2015, p. 1-33, DOI : https://doi.org/10.7208/9780226276663-001
  • Natalie Koch, « AgTech in Arabia: ‘spectacular forgetting’ and the technopolitics of greening the desert », Journal of Political Ecology, vol. 26, no 1, 2019, p. 666-686, DOI : https://doi.org/10.2458/v26i1.23507

Notes

[1] Sont traités dans cet article les pays du Conseil de coopération des États arabes du Golfe : Arabie saoudite, Émirats arabes unis (EAU), Qatar, Koweït, Bahreïn, Oman. L’accent est mis plus spécifiquement sur l’Arabie saoudite, les EAU et le Qatar, où plusieurs missions d’études de court et long terme ont été menées entre 2022 et 2025.

[2] La SALIC a acquis une part conséquente du capital de la firme singapourienne Olam, l’un des leaders mondiaux du commerce de grains. Un accord a été signé en février 2025 pour porter cette participation à 80 %, consolidant ainsi l’influence saoudienne dans le secteur agroalimentaire international.
Voir Saudi Agricultural and Livestock Investment Company (SALIC), « SALIC raises stake in Singapore’s Olam Agri to 80% », SALIC Newsroom, 15 février 2025, https://salic.com/news/Olam (consulté le 29 avril 2025).

[3] « SALIC increases stake in Minerva Foods to 34% », Zawya, 5 avril 2023, https://www.zawya.com/en/press-release/government-news/sustainable-food-production-industry-blooming-in-dubai-food-tech-valley-as-gigafarm-initiative-lays-foundations-k4xazncm (consulté le 29 avril 2025).

[4] Un « Centre d’excellence pour une sécurité alimentaire durable » a été inauguré à l’université KAUST en 2024. Dirigé par un professeur australien diplômé de Cambridge, sa mission est de développer et diffuser des solutions technologiques pour une agriculture efficace et durable dans la région et au-delà.
Voir King Abdullah University of Science and Technology (KAUST), « Center of Excellence for Sustainable Food Security launched at KAUST », KAUST News, 18 janvier 2024, https://www.kaust.edu.sa/en/news (consulté le 29 avril 2025).

[5] « National Experts Program drives UAE’s AgTech efforts forward », Aletihad, 8 mars 2024, https://en.aletihad.ae/news/uae/4557951/national-experts-program-drives-uae-s-agtech-efforts-forward (consulté le 29 avril 2025).

[6] L’ambition de la ferme développée par Mowreq est de produire quotidiennement deux tonnes de produits frais, principalement des légumes-feuilles, en environnement contrôlé, dans une optique de réduction de la dépendance alimentaire.
Voir iGrow News, « Mowreq aims to produce 2 tonnes of fresh leafy greens daily », iGrow News, 29 avril 2025, https://igrownews.com/mowreq-latest-news/ (consulté le 30 avril 2025).

[7] « NEOM announces the launch of Topian to lead food security innovation », NEOM Newsroom, 28 avril 2025, https://www.neom.com/en-us/newsroom/neom-announces-topian (consulté le 28 avril 2025).