Mutation de l’ordre mondial : vers une souveraineté conditionnée
Si Donald Trump et l’oligarchie montante parvenaient à consolider leur pouvoir aux États-Unis dans un contexte exempt d’opposition significative — qu’elle soit interne ou externe — sur une durée suffisamment longue, les normes ayant régi les relations internationales depuis la Seconde Guerre mondiale connaîtraient une transformation radicale. Ce changement pourrait se résumer par un retour à une forme de souveraineté régie par la loi du plus fort : le plus puissant pourrait se permettre de dévorer le plus faible, à condition d’isoler ce dernier, c’est-à-dire de l’empêcher de se défendre grâce à des alliances avec d’autres acteurs tout aussi vulnérables.
Durant l’ère bipolaire, des limites approximatives avaient été fixées entre les sphères d’influence des deux superpuissances, et les conflits — y compris les guerres par procuration — se déroulaient principalement en dehors de ces zones. Même à l’époque dite de la décolonisation, aucune des deux puissances ne pouvait légitimer la mainmise sur un territoire ou des ressources uniquement au nom d’un intérêt économique. Elles recouraient alors à des justifications idéologiques à portée universelle, comme le socialisme, la démocratie libérale ou la lutte contre le communisme.
Avec la chute du système bipolaire, ce n’est pas un ordre multipolaire qui s’est imposé — contrairement aux prévisions de certains — mais un ordre unipolaire dominé par les États-Unis. De grandes puissances régionales y jouent un rôle d’équilibre. Même l’émergence de la Chine comme puissance économique capable de rivaliser avec les États-Unis ne l’a pas faite sortir de son rôle d’acteur essentiellement régional sur les plans politique et stratégique. Dans ce nouvel ordre, le pôle dominant a proclamé son attachement à l’ordre international existant, allant jusqu’à revendiquer la mission de le garantir. Cette prétendue protection du droit international s’exerce cependant dans les limites bien connues du double standard — une expression qui, à mes yeux, ne fait que maquiller la primauté des intérêts exclusifs.

Azmi Bishara
Azmi Bishara est directeur général et membre du conseil exécutif du Arab Center for Research and Policy Studies (ACRPS, Doha). Chercheur et écrivain, il a à son actif de nombreux ouvrages et articles de recherche sur la philosophie, la pensée politique et la théorie sociale, en sus de plusieurs travaux littéraires. Ancien député au Parlement israélien, il a représenté le parti Balad (qu’il a fondé), durant quatre législatures consécutives, de 1996 à 2007. Il est le lauréat du prix Ibn Rushd pour la liberté de pensée en 2002, et du prix des droits de l’homme du Global Exchange en 2003.
Populisme intérieur, impérialisme extérieur : les États-Unis sous Trump
Les contours d’un nouvel ordre international se dessinent progressivement à travers les actions de l’administration américaine. Ce comportement révèle une reconnaissance implicite de l’existence de puissances régionales, à condition qu’elles admettent la primauté des États-Unis, centre incontesté de ce nouvel ordre. En échange, Washington consent à leur accorder des zones d’influence dans lesquelles elles peuvent exercer leur domination selon leurs propres conditions. Toutefois, cette reconnaissance est conditionnée par l’acceptation sans réserve de la volonté américaine de traduire sa suprématie en avantages économiques concrets. Il s’agit de rééquilibrer le commerce mondial en faveur des États-Unis et de leur garantir des privilèges fondés exclusivement sur leur puissance économique et militaire — indépendamment de toute alliance, de l’attractivité de leur modèle, des aides dispensées ou de leur prétention à guider le « monde libre ». La Maison Blanche actuelle entend préserver les privilèges de la superpuissance en les dépouillant des apparences idéologiques et des responsabilités morales traditionnellement associées à ce statut. Elle agit en rupture avec ses alliés traditionnels et poursuit des objectifs strictement nationaux, conformément au slogan « America First », conçu par l’oligarchie dominante selon une définition particulièrement étroite de l’intérêt national. Cette définition épouse souvent les intérêts personnels de ses membres, révélant des projections narcissiques plus qu’une vision stratégique.
Dans cette perspective émerge un ordre post-libéral et post-social : les droits sociaux y sont réduits au strict minimum, et l’État se redéfinit comme un appareil sécuritaire, délesté de toute obligation de protection des citoyens les plus vulnérables. Il n’exerce plus aucun rôle de régulation des grandes entreprises technologiques ni de contrôle sur les projets liés à l’intelligence artificielle. Les dirigeants de ces entreprises avaient compris, bien avant les dernières élections présidentielles, que leurs intérêts divergeaient désormais de ceux du libéralisme classique. Leur alignement stratégique s’est opéré avec la droite populiste, qui ne leur impose aucune restriction technologique ou éthique, et favorise l’expansion globale de leur pouvoir. Une alliance s’est ainsi nouée entre les maîtres de l’intelligence artificielle, le capital immobilier spéculatif et les forces politiques les plus radicales du populisme et de l’inculture politique. Ce sujet mériterait assurément une analyse autonome et approfondie. Toutefois, ce qui nous importe ici, c’est la coïncidence — et l’interaction — entre le recul interne des objectifs de la démocratie libérale et l’essor incontrôlé de l’avidité sur la scène internationale. Les États-Unis affichent désormais ouvertement une volonté de prédation, exprimée sans détour dans le langage dépouillé de la rhétorique trumpienne : « prendre » le canal de Panama, ou du moins en récupérer le contrôle ; s’approprier l’île du Groenland, riche en ressources naturelles, en la soustrayant au Danemark ; voire annexer le Canada pour en faire un nouvel État fédéré. Ces ambitions se déploient en parallèle du démantèlement du système mondial de libre-échange, progressivement remplacé par une politique protectionniste… précisément sous l’impulsion de la puissance qui, jusqu’alors, en avait été la principale promotrice.
Ce repli protectionniste se traduit concrètement par une hausse des droits de douane, appliqués indistinctement aux pays adversaires comme aux alliés. La distinction entre amis et ennemis perd toute pertinence : dans la logique de la doctrine « America First » et du slogan « Make America Great Again », les alliances historiques n’ont plus de valeur contraignante. Cette doctrine conjugue un populisme agressif sur le plan intérieur avec un impérialisme assumé à l’extérieur. La démocratie, en tant que valeur fondatrice du discours international américain, cesse d’être une priorité. Aux yeux de l’actuelle administration, elle apparaît même comme un obstacle à la réalisation de ses ambitions. Dans les discours — parfois explicites, souvent implicites — de Trump et de ses partisans, on perçoit une reconnaissance tacite de zones d’influence : à la Russie, pour ce qui concerne l’Ukraine ; à la Chine, pour la question de Taïwan. Dans le même temps, des pays comme la Corée du Sud, le Japon ou les États d’Europe occidentale sont enjoints à prendre en charge une plus grande part de leur propre sécurité. Les nouveaux dirigeants américains n’hésitent plus à manifester leur hostilité à l’égard des traditions européennes de démocratie libérale et de droits sociaux consolidés. Pire encore, ils soutiennent ouvertement les forces d’extrême droite actives dans ces sociétés, contribuant à affaiblir de l’intérieur les modèles démocratiques qu’ils prétendaient jadis défendre à l’échelle mondiale.
À cela s’ajoute la préférence manifeste du nouveau locataire de la Maison-Blanche — en fonction depuis janvier de cette année — pour les dirigeants dits « forts », qu’il considère aptes à conclure des accords en vertu de leur capacité à imposer leur autorité, indépendamment des pratiques internes qu’ils appliquent. Les droits humains, et plus généralement les valeurs démocratiques, sont totalement absents de son agenda politique. Ce nouvel environnement international demeure instable — et pourrait le rester durablement — en raison de l’état embryonnaire de l’opposition interne à ces politiques. Celle-ci ne manquera toutefois pas d’émerger, notamment à l’occasion des élections de mi-mandat au Congrès, voire plus tôt encore, à mesure que s’accentuera la dérive autoritaire et que s’élargira le cercle des citoyens affectés par les réductions des services publics et la hausse des droits de douane. Sur le plan international également, les formes de résistance à cette nouvelle orientation n’ont pas encore pris forme. L’incertitude et la confusion prédominent. Cependant, un tel vide ne saurait persister indéfiniment. Il existe, en effet, des raisons structurelles — qu’il n’est pas nécessaire de détailler ici — pour penser que des oppositions émergeront, portées par les intérêts lésés de plusieurs États influents, notamment en Europe, qui s’emploient déjà à définir les moyens d’une riposte.
La recomposition régionale au service de l’hégémonie israélienne
Dans le cadre de la reconfiguration du nouvel ordre international, l’administration américaine encourage Israël à imposer ses choix en Syrie, en Palestine et au Liban. Cette incitation repose sur la perception d’Israël comme la puissance régionale la plus forte et la plus disposée à recourir à une force brutale — une disposition qu’il a démontrée de manière manifeste au cours des deux dernières années. Cette dynamique se déploie en contraste frappant avec la faiblesse, l’impuissance, voire parfois la complicité de certains États arabes. La question se pose alors avec acuité : le Machrek arabe deviendra-t-il une zone d’influence israélienne ? Et quelle voie reste-t-il pour empêcher une telle issue de se concrétiser ?
Le Machrek est aujourd’hui le théâtre d’une expansion israélienne sans frein, marquée par une violence extrême. Cette progression s’effectue avec l’aval explicite des États-Unis. Alors que l’administration américaine actuelle adopte une posture parcimonieuse à l’égard de ses autres alliés à travers le monde, elle fait preuve d’une remarquable générosité envers Israël. Ce dernier n’est pas seulement un partenaire stratégique dans une région sensible ; il est aussi un allié interne à la scène politique américaine elle-même. À l’inverse, les pays arabes du Golfe, riches en ressources, sont sommés de s’acquitter — sous forme d’investissements, d’achats d’armements ou d’autres contributions — du prix de leur alliance avec Washington, ainsi que de la prétendue protection qu’elle leur assure. Certains de ces États en viennent même à parier sur l’usage de la force israélienne contre les mouvements de résistance, espérant ainsi affaiblir l’axe iranien et réduire l’influence de Téhéran dans la région. Depuis deux ans, ce processus s’est intensifié, prenant la forme d’un conflit sanglant, qualifié de génocide dans la bande de Gaza. Il se prolonge, sous d’autres formes politiquement tout aussi graves, en Cisjordanie et au Liban. En l’absence d’une réponse arabe officielle capable d’y faire obstacle, une zone d’influence israélienne s’impose progressivement sur le Machrek et ne cesse de s’étendre.
Ce développement, désormais évident pour tous, dépasse de loin les prévisions de ceux qui voyaient en la puissance militaire israélienne un simple outil stratégique. Les États arabes voisins de la Palestine ne sont même pas intervenus pour mettre fin à la guerre, alors que celle-ci a depuis longtemps perdu tout lien avec l’opération « Déluge d’al-Aqsa », pour devenir une guerre d’extermination. Ils ne sont même pas parvenus à assurer la protection des populations civiles les plus vulnérables — femmes, enfants, personnes âgées — ni à contraindre l’occupant à autoriser l’acheminement de l’aide humanitaire vers Gaza. Cet échec devrait faire honte, même à ceux qui souhaitent la défaite de la résistance. Comment accorder du crédit à des États incapables de répondre aux attentes de leur opinion publique en accomplissant le strict minimum requis en pareille situation ?
De la normalisation à l’hégémonie : les dérives d’un pari stratégique
Les développements actuels sur le terrain ont largement dépassé la logique d’attente initiale — celle qui consistait à laisser Israël « régler » le problème des mouvements de résistance, perçus comme un obstacle à la normalisation des relations régionales et à la formation d’un axe stratégique aligné sur les États-Unis, allant de Delhi à Tel-Aviv. Il est désormais évident qu’Israël n’est pas en mesure de déraciner ces mouvements tant que perdure l’occupation, ni de contenir le soutien populaire croissant dont ils bénéficient au sein des sociétés arabes. En revanche, Tel-Aviv tire parti de sa supériorité militaire, renforcée par l’absence de contraintes internes et le silence complice de la communauté internationale, pour poursuivre d’autres objectifs : déplacements forcés de Palestiniens, annexion progressive de la Cisjordanie — autant de démarches qui, en elles-mêmes, devraient constituer un obstacle rédhibitoire à toute forme de normalisation. Dans un contexte marqué par une expansion militaire israélienne débridée, appuyée sans réserve par l’administration américaine, la guerre ne sert plus de prélude à une alliance arabo-israélienne. Elle ouvre au contraire la voie à une véritable hégémonie israélienne sur le Machrek arabe. Ceux qui aspirent à une alliance avec une entité coloniale de peuplement doivent prendre conscience de la réalité concrète que cela implique : une soumission à un ordre de domination violent et unilatéral.
Parier sur une future guerre contre l’Iran, ou sur une victoire militaire contre la résistance palestinienne, revient à légitimer et à intensifier cette dynamique d’expansion prédatrice. Israël s’emploie à consolider une nouvelle configuration politique dans laquelle le « dossier palestinien » serait entièrement absorbé par sa propre sphère d’influence, à l’abri de toute initiative ou médiation internationale — qu’elle soit présentée sous les traits d’un processus de paix ou non. Mais l’ambition va plus loin encore. Les dirigeants israéliens déclarent désormais ouvertement leur volonté d’intervenir dans les choix politiques et administratifs de la Syrie et du Liban, et laissent entendre qu’ils pourraient élargir ce rôle à d’autres pays à l’avenir. Les États-Unis accompagnent cette orientation, allant jusqu’à recommander aux dirigeants arabes de consulter Benyamin Netanyahou sur les affaires régionales, au nom d’une prétendue efficacité de la « logique de la force », récemment « démontrée » sur le terrain. Israël refuse de reconnaître la légitimité de la nouvelle administration syrienne et cherche à imposer le désarmement du pays par une campagne de bombardements massifs et sans précédent, justifiée non par un fondement juridique, mais uniquement par sa capacité à les mener — autrement dit, au nom d’une hégémonie brute. Parallèlement, Israël tente d’instaurer une zone d’influence dans le sud de la Syrie, en miroir de celle que la Turquie pourrait contrôler dans le nord. Tel-Aviv exige également le désarmement du Hezbollah, ce qui reviendrait de facto à désarmer l’ensemble du Liban. Ces exigences sont reprises sans critique par les États-Unis et certains pays arabes qui, au lieu de soutenir le Liban face à ces pressions, exercent à leur tour des pressions pour qu’il désarme le Hezbollah, y compris par la force, et ouvre des canaux politiques — non seulement militaires — avec Israël, sans considération pour les risques de guerre civile qu’une telle stratégie pourrait engendrer.
Toute autorité syrienne ou libanaise qui choisirait d’ouvrir des canaux politiques avec Israël se placerait dans une position gravement compromise tant que subsiste l’occupation de territoires relevant de leur souveraineté. Israël ne dissimule pas ses conditions, qu’il formule comme s’il détenait un droit de tutelle. Le dialogue envisagé ne porterait ni sur le retrait du Golan, ni sur un retour aux frontières de 1967, mais sur l’ingérence dans les affaires intérieures des deux États. Face à ce projet, la seule issue viable pour la Syrie réside dans la construction d’un modèle national pluraliste, non sectaire — voire explicitement antisectaire — capable de rassembler la population syrienne dans toute sa diversité, sur l’ensemble du territoire. Un tel projet pourrait poser les fondations d’un accord syro-libanais apte à résister aux pressions extérieures. Depuis le début du conflit, un principe constant se confirme : tout ce qui renforce les États et les peuples arabes constitue une menace pour les intérêts israéliens. Si l’on compare la politique actuelle d’expansion israélienne aux périodes passées — lorsque Tel-Aviv adoptait une posture de discrétion pour ne pas heurter ses alliés arabes, comme lors de la guerre américaine contre l’Irak ou durant la révolution égyptienne — on mesure pleinement l’ampleur du changement en cours.
Pour contenir l’agressivité croissante d’un État dans une région donnée, trois leviers sont traditionnellement envisagés : l’imposition du droit international ; l’intervention d’une force internationale disposée et capable de l’arrêter ; ou une réponse régionale par la force. Or, aucune de ces conditions n’est aujourd’hui réunie dans le cas d’Israël. Les seuls acteurs disposés à s’opposer militairement à l’expansion israélienne sont les mouvements de résistance, qui ont démontré, comme toujours, leur capacité à faire face, malgré l’encerclement stratégique dont ils font l’objet dans le monde arabe. Ce n’est pas à ces mouvements de rechercher la guerre. Au contraire, s’ils y sont contraints, il leur est souhaitable de s’efforcer de l’éviter. Durant la guerre israélienne contre Gaza, chaque État arabe a agi selon la logique de son propre régime, de ses intérêts spécifiques et de ses alliances régionales ou internationales — notamment avec les États-Unis. Aucun socle commun minimal de vision ou d’action arabe n’a vu le jour pour faire face à cette crise majeure. Même lorsque le conflit s’est mué en opération d’extermination, aucun effort concerté n’a été entrepris pour y mettre un terme — pas même sous la forme d’une menace isolée de rupture des relations diplomatiques. Pourtant, les États arabes auraient pu stopper cette guerre. Et ils le peuvent encore — à condition que se manifeste une volonté politique claire.
Alternatives étouffées et impasses politiques
Quiconque fait preuve de lucidité devrait reconnaître qu’il n’est dans l’intérêt d’aucun État arabe — y compris ceux alliés aux États-Unis — de permettre que le Machrek tombe sous une hégémonie israélienne. Le monde arabe dispose de ressources considérables et de leviers d’influence puissants, dont l’activation, même partielle, suffirait à enrayer la dynamique en cours. Ce qui fait défaut, en revanche, c’est la capacité à dépasser les divisions, les rancunes historiques et les paradigmes politiques dominants. Il est urgent de parvenir à un consensus minimal autour d’un constat clair : le Machrek est en voie de devenir une zone d’influence israélienne, et cette évolution représente un danger majeur pour l’ensemble de la région. Ce consensus devrait s’appuyer sur la création d’un système de sécurité régionale fondé sur une entente avec l’Iran et la Turquie, dans le respect absolu de la souveraineté des États arabes. Un tel système permettrait à ces derniers d’affirmer leur autonomie stratégique, en rompant avec toute dépendance à l’égard de la protection américaine ou israélienne.
Il est possible que ces propositions relèvent du vœu pieux. L’expérience tragique de Gaza a montré que « tu as appelé, mais personne ne t’a entendu ». Pourtant, ce que suggère le titre de cet article, c’est la nécessité d’un changement qualitatif, qu’il convient de formuler clairement — et ce, indépendamment du pessimisme profond et structurel que je nourris quant à la capacité des gouvernements arabes à infléchir leur position sous l’effet d’une simple analyse rationnelle. Si ces gouvernements persistent dans leur inaction, une nouvelle réalité s’imposera : ils se retrouveront eux-mêmes soumis aux diktats israéliens. Ce qui, il faut le rappeler, n’est dans l’intérêt d’aucun d’entre eux. Cela dit, l’hégémonie israélienne ne saurait se maintenir indéfiniment. Les contradictions sociales et politiques qui traversent le monde arabe finiront, tôt ou tard, par converger avec la cause palestinienne et le rejet, par les peuples, de toute forme de domination israélienne. La guerre d’extermination menée à Gaza a engendré une tension latente d’une intensité inédite dans l’ensemble du monde arabe. Ses conséquences profondes et durables ne se sont pas encore pleinement révélées, mais elles pèseront inévitablement sur l’avenir politique de la région.