François Burgat, directeur de recherche émérite au CNRS à l’Institut de recherches et d’études sur les mondes arabes et musulmans (IREMAM), revient dans cet entretien sur la genèse et l’expansion récente du concept d’« islamo-gauchisme ». Utilisée pour la première fois en 2002 pour discréditer les soutiens européens à la résistance du Hamas aux offensives israéliennes sur Gaza, la notion est aujourd’hui employée plus largement en France pour discréditer d’autres formes de revendications : celles des descendants des peuples colonisés, et plus particulièrement ceux issus des sociétés de culture musulmane. Loin de rendre compte d’une réalité scientifique, le « succès relatif » que connaît actuellement en France cette dénomination stigmatisante relèverait avant tout, pour François Burgat, d’une « gesticulation électoraliste », destinée à séduire l’électorat de droite et d’extrême-droite dont le chef de l’État sait désormais avoir besoin pour sa réélection en 2022.