02/02/2024

Le Maghreb, ce « grand Autre » si proche

Cette conférence est organisée à l’occasion de la parution de l’ouvrage Les Empires berbères: constructions et déconstructions d’un objet historiographique. Avec Mehdi Ghouirgate, modération de Pascal Buresi.


Jeudi
7 mars 2024 à 18h 30

Le Maghreb, ce « grand Autre » si proche 

Contrairement au Proche-Orient, le Maghreb possède cette particularité de se situer au contact immédiat de l’Europe. Or, à la Renaissance et à partir de la disparition d’al-Andalus, en 1492, savants, renégats et voyageurs européens n’ont cessé d’évoquer, puis d’étudier, le passé du Maghreb. Ces discours ont permis de caractériser, graduellement, le Maghreb en tant que « grand Autre » de proximité. Dans ce même esprit, les auteurs des Lumières, à commencer par Voltaire, ont éprouvé le besoin de se servir de ce miroir tendu par ce voisin si différent, afin d’étayer leur raisonnement. Par la suite, les savants procédant de la « Révolution scientifique », évoluant à Paris ou en milieu colonial leur ont emboîté le pas.

À l’époque de l’orientalisme, l’Espagne a entretenu et continue d’entretenir un rapport complexe avec son passé arabo-berbère, oscillant entre intégration au « roman national » et rejet ; quitte ce faisant à nier, en dépit du bon sens, la réalité des conquêtes arabo-islamiques du VIIIe siècle. Dans un second temps, les lettrés algériens et marocains ont cherché dans une optique nationaliste à se ressaisir de cette histoire pour donner une assise solidifiée aux indépendances.

Cette conférence posera les questions soulevées par l’ouvrage : Les Empires berbères: constructions et déconstructions d’un objet historiographique et qui diagnostiquent le vertige historien : comment les traces du passé que l’on croit avoir simplement exhumées ont-elles été déjà localisées, délimitées, triées, nommées, agencées et organisées jusqu’à faire émerger un objet historiographique spécifique : le Maghreb.

Mehdi Ghouirgate

Mehdi Ghouirgate est professeur des universités à l’université Bordeaux-Montaigne et professeur associé à l’University Mohammed VI Polytechnic – FGSES de Rabat. Il est titulaire d’une Habilitation à diriger les recherches obtenues à l’École des hautes études en sciences sociales en 2019. Il est, par ailleurs, membre de l’Institut Ausonius d’archéologie. Il est spécialiste de l’Histoire de l’Occident musulman (Maghreb et al-Andalus) aux époques médiévale et moderne. Il s’attache à revisiter cette histoire en s’appuyant sur une démarche résolument pluridisciplinaire qui fait appel, entre autres, à l’anthropologie, à l’économie, à l’histoire militaire et à la démographie.

Pascal Buresi

Pascal Buresi est membre de l’Institut d’études de l’Islam et des sociétés du monde musulman (IISMM) à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), directeur de recherches au CNRS (Ciham-UMR 5648, Lyon) et directeur d’études à l’EHESS (Lyon). Ancien élève de l’École normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud (1989-1994) ; agrégé d’histoire (1991) ; boursier à l’Institut français d’études arabes de Damas (1992) ; membre de l’École des hautes études hispaniques et ibériques – Casa de Velázquez (1997-1999). Ses recherches portent sur le Maghreb médiéval et plus particulièrement sur les structures politiques et les pratiques administratives de l’Empire almohade (Maghreb-al-Andalus, XIe–XIIIe s.).

couverture livre empires berbères

Mehdi Ghouirgate, Les Empires berbères: constructions et déconstructions d’un objet historiographique, éditions de Gruyter,  mars 2024, 300 p. , 109 €.