22/03/2024

La lutte contre le racisme anti-noir dans le monde arabe doit rester un plébiscite de tous les jours

Par Maha Abdelhamid
ill. pancarte de rue raciste
Pancarte de rue de la Médina, Tunis, 2016. Photo : Wikipédia CC.

Introduction

La lutte contre le racisme anti-noir en Afrique du Nord et au Moyen-Orient (MENA) est un défi majeur. La discrimination contre les Noirs est une histoire déclassée dans les sociétés arabes, qui occultent l’existence du racisme dans leurs pays. Considéré comme une pratique de l’Autre, le racisme est souvent vu comme externe aux sociétés arabo-musulmanes qui – portées par leur foi – ne sauraient être racistes.

Les politiques nationalistes des pays arabes ont par ailleurs effacé la diversité de leurs sociétés. Il fallait avant tout être Tunisien, Égyptien, Syrien ou Irakien. Cette politique a conduit à une véritable color-blindness réfutation de l’existence d’un racisme lié à la couleur de peau ») et au déni du passé esclavagiste.

Les printemps arabes d’une part, et les événements internationaux tel que la mort d’Adama Traoré en France en 2016 et celle de George Floyd aux États-Unis en 2020 d’autre part, ont agi comme un réveil sur les citoyens noirs des pays arabes. Le racisme qu’ils subissent s est souvent exacerbé par des facteurs socio-économiques, politiques et culturels, ce qui en soit, n’est pas une caractéristique propre aux sociétés arabes. Toutefois les stéréotypes et imaginaires collectifs autour des Noirs y ont souvent la vie dure, en partie, liés à leur propagation dans les médias et dans certains discours politiques.

Il n’est donc pas surprenant que la lutte contre le racisme anti-noir soit portée majoritairement par les organisations de la société civile, plutôt que par des institutions étatiques. Des campagnes de sensibilisation, des ateliers éducatifs et des initiatives de dialogue interculturel, ont contribué à créer des espaces de discussion et de mobilisation autour de la question du racisme. Sur le plan institutionnel, l’adoption de lois anti-discrimination constitue une piste de réflexion. Pourtant, à ce jour, seule la Tunisie a adopté une loi criminalisant le racisme, qui soulève néanmoins un certain nombre d’interrogations.

Partant de ces considérations introductives, cet article propose de questionner la position des politiques et des sociétés arabes face à la situation des citoyens noirs en Afrique du Nord et au Moyen-Orient et de réfléchir à l’image des Noirs dans l’imaginaire collectif des sociétés arabes. Pour ce faire nous allons d’abord analyser l’existence d’un racisme ambiant avant de montrer dans un deuxième temps comment ce dernier puise ses origines dans une histoire occultée. Dans la troisième partie, et à partir du cas tunisien, nous montrerons comment la lutte contre ce racisme s’est organisée et quels sont les obstacles qui restent encore à franchir.

Maha_Abdelhamid

Maha Abdelhamid

Maha Abdelhamid est une chercheuse associée au CAREP Paris qui travaille sur les minorités au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Après un doctorat en géographie sociale obtenu en 2018 à l’université Paris X-Nanterre sur « Les transformations socio-spatiales des Oasis de Gabès (Tunisie) : déclin des activités agricoles, urbanisation informelle et dégradation de l’environnement à Zrig, des années 1970 à nos jours », elle a publié plusieurs articles et collaboré avec différentes institutions de recherches : ARI (Arab Reform Initiative), EuroMESCO, IRMC (Institut de recherche sur le Maghreb contemporain). 

Un racisme ambiant dans les États arabes

Dans le monde arabo-musulman le racisme est considéré comme une pratique de l’Autre. Lorsqu’on évoque le racisme dans les sociétés arabes, on a l’impression qu’on parle d’un phénomène extérieur, dont elles ne se sentent pas concernées, parce que majoritairement musulmanes. Nombreux d’ailleurs sont ceux qui se réfèrent au hadith du prophète pour défendre cette position. Cet hadith dit : « Sachez qu’il n’y a aucune différence entre un arabe et un non arabe. Il n’y a pas de différence non plus entre un blanc et un noir, si ce n’est par la piété ».

Dans les sociétés de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, le discours autour de cette question laisse entendre que le racisme serait une pratique occidentale, un phénomène lié au régime d’Apartheid en Afrique du Sud, ou encore, un résidu de l’esclavage subi par les Noirs d’origine africaine aux États-Unis. Il est impressionnant de constater que les sociétés dites arabo-musulmanes, où la traite des esclaves s’est pourtant étendue sur treize siècles, sont frappées d’une véritable amnésie à ce sujet. Ainsi, en 2017, le scandale du retour de l’esclavage en Libye annoncé par des journalistes de la CNN, n’a provoqué aucune réaction dans les pays de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Cette indifférence de la part des États arabes peut être expliquée par l’absence d’une conscience collective face à la gravité de la question et de la profondeur historique des mécanismes de domination qui les unissent face aux populations noires.

Considérés le plus souvent comme une catégorie à part, les Noirs subissent encore aujourd’hui le racisme, la marginalisation et la discrimination dans les pays arabes. Même au Soudan, pourtant connu comme le pays des Noirs, le racisme basé sur le colorisme et/ou les origines est monnaie courant. Le scandale provoqué par les propos racistes d’un avocat lors du procès d’Al-Béchir en avril 2022[1]en constitue un exemple parlant.

Un racisme qui puise ses origines dans une histoire occultée

Si l’histoire de l’esclavage européen et américain est bien connue, elle l’est beaucoup moins dans le monde arabe. Dans ce dernier « l’esclavage a paru d’autant plus discret qu’on l’a présenté, à tort, comme moins capitaliste, plus lénifiant et plus paternaliste que la traite transatlantique[2] ». Mais il ne faut pas se tromper, l’esclavage dans la région de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient a existé bien avant l’émergence de l’Islam au VIIe siècle. Au début de l’histoire islamique, les esclaves ont été surtout exploités dans le domaine agricole, notamment pour les plantations de cannes à sucre et le travail dans les oasis, l’élevage, mais aussi dans l’exploitation minière. Après la rébellion de Zanj[3] au Xe siècle, les esclaves ont été utilisés comme des domestiques (‘abid) et une fois islamisés, ils ont opté pour le statut de Khadam (serviteur)[4]. Selon des estimations d’historiens, quinze à dix-sept millions d’esclaves noirs auraient été échangés durant cette période[5]. Aujourd’hui les noirs ne constituent plus qu’une minorité dans le monde arabo-musulman : la castration serait à l’origine de leur non-reproduction.

Le racisme dans les sociétés arabes s’explique par le rapport partiel et conflictuel qu’entretiennent les sociétés arabes avec leur passé esclavagiste et la mémoire qui l’entoure. En effet, tous les acteurs, y compris des Noirs descendants d’esclaves eux-mêmes, fuient cette histoire et cette mémoire en créant souvent une légende autour de leur lignage comme s’ils cherchaient à se débarrasser de ce leg historique[6]. Malgré leurs efforts, ils sont victimes de discrimination et du racisme au quotidien, car leur représentation dans l’imaginaire collectif n’a pas été dissociée de l’image de l’esclave ‘abd, wasif, Ezzi, el babay’ et/ou du second.

Si aucune loi ne discrimine les Noirs en tant que citoyens des pays arabes, les coutumes et mentalités sociales constituent un obstacle majeur à leur émancipation, leur accès à certains postes (particulièrement les postes politiques et médiatiques) et à certains services comme l’éducation ou la santé. Ils subissent un racisme ambiant à cause de leur couleur de peau mais aussi à cause des traces de l’esclavage.   

Malgré ces discriminations avérées, rares sont pourtant les populations noires dans le monde arabe qui se sont organisées pour porter la lutte contre le racisme dans l’espace public. En Tunisie, par exemple, « la majorité des Noirs tunisiens a choisi la résistance silencieuse[7] ». En Irak, il y a eu des prémices d’un mouvement contre le racisme fondé par Jalel Dhiab[8] en 2009. Au Yémen, depuis les années 2000, les Noirs appelés Mouhamachine (marginalisés) ont fondé un mouvement pour revendiquer leurs droits socio-économiques et politiques. Leur leader Noomane Houdhaifi est actuellement réfugié en Égypte.

La multiplication de ces mouvements, portée notamment par l’élan des printemps arabes, a rendu le problème du racisme dans les pays de la région plus visible. Les militants de ces pays ont ainsi participé à la production d’une nouvelle épistémologie à destination des milieux publics et politiques. Ils ont également invité des chercheurs à travailler le lien entre discrimination raciale et identité des Noirs. Les résultats d’une enquête universitaire réalisée en 2021-2022[9] montrent qu’entre 37 % et 67 % des personnes interrogées affirment que le racisme et la discrimination raciale sont un problème dans le monde arabe. L’enquête indique aussi que parmi ls citoyens arabes qui pensent que le racisme constitue un problème, ce sont les Tunisiens qui détiennent le taux le plus élevé, avec un pourcentage de 80 %.

Le racisme anti-noir en Tunisie :  de la commémoration de la Journée de l’abolition de l’esclavage à la loi organique 2018-50

Si le racisme a toujours existé en Tunisie, il n’est devenu un véritable sujet public qu’après la révolution de 2010-2011, à la suite de la montée d’un mouvement anti-raciste dans l’espace social et politique. Il est important de signaler que ce mouvement était dès le début mené par des femmes tunisiennes noires[10]. Ces dernières sont depuis toujours l’avant-garde de la lutte contre le racisme[11] en Tunisie. Nous en voulons pour preuve leur implication avec d’autres alliés[12] de la société civile dans la promulgation d’une loi contre la discrimination raciale. Cette revendication a surtout été portée par deux femmes : Saadia Mosabah, fondatrice de l’association M’némty et Jamila Ksiksi, feue députée au Parlement tunisien (2014-2021), avec le soutien de plusieurs associations tunisiennes.

Le 9 octobre 2018, le parlement tunisien a voté la loi organique 50 relative à l’élimination de toutes formes de discrimination raciale[13]. Grâce à cette loi, la Tunisie devient le premier pays dans toute la région de l’Afrique du Nord et Moyen-Orient qui criminalise la discrimination raciale. Considérée comme une loi pionnière, elle avait été réclamée par les militants noirs depuis 2014. Le 21 mars 2016, le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme (EuroMed Droits) et le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme ont organisé une conférence de presse à Tunis en présence des députés et des chefs des blocs parlementaires afin de présenter un projet-loi contre la discrimination raciale, sans pour autant associer les activistes Noirs. Ce projet de loi a fini dans les tiroirs du Parlement. Il a fallu attendre l’appel du gouvernement de décembre 2016, et l’agression au couteau de trois étudiants congolais à Tunis, pour que le projet-loi soit de nouveau déterré.

Quelque mois après la promulgation de cette loi, soit le 23 juin 2019, le président de l’époque, Beji Caied Essebsi, a reçu au palais présidentiel, Raoudha Abidi, présidente de l’Instance nationale de lutte contre la traite des personnes pour annoncer officiellement que le 23 janvier[14] serait une Journée nationale de commémoration de l’abolition de l’esclavage. Il est important de rappeler que cette initiative s’est faite sans impliquer les militantes noires tunisienne. Et pourtant, c’était bien Saadia Mosbah qui avait réclamé dès 2012 que le 23 janvier soit une journée commémorative de l’abolition de l’esclavage en Tunisie[15].

Si ce passage montre que les Noirs tunisiens sont encore invisibilisés au niveau des décisions politiques, on ne peut en aucun cas nier leur rôle dans l’avancement du débat autour de la question du racisme dans le pays. Malgré la marge étroite de leur pouvoir d’influence, les militants ont poussé les décideurs à reconnaître l’existence d’un racisme dans la société tunisienne.

Toutefois, certains analystes ont abordé l’invisibilisation continue des Noirs dans le processus même de légifération comme une continuité de la « domination blanche » sur les Noirs. Ainsi, l’historien M’hamed Oualdi, note que la commémoration instaurée par Beji Caied Essebi servait avant tout à démontrer à « la communauté internationale la capacité des élites [blanches, ndlr] à transformer le pays[16] ». Reposant sur une vision assimilationniste, une telle approche ne permet pas d’effacer les stigmates de l’esclavage, ni d’instaurer une base d’égalité pour les Noires[17].

Les limites de la loi 2018-50 et la nécessité de continuer la lutte contre le racisme anti-noir en Tunisie

Quatre ans après sa promulgation, l’application de la loi 50 reste incomplète : elle n’est pas entrée en vigueur puisque l’article 11 exige la mise en place d’une commission dénommée Commission nationale de lutte contre la discrimination raciale, chargée de mettre en œuvre la loi 2018-50[18]. Cette commission devait être rattachée au ministre des Droits de l’homme et composée d’une vingtaine de membres de différents ministères et de deux représentants de la société civile. À ce jour aucun plan d’action et aucune stratégie nationale de lutte contre le racisme en Tunisie n’ont été mis en œuvre. 

Concomitamment, cette loi reste problématique quand il s’agit de discrimination contre les étrangers. En effet, dans son article 2, la loi stipule que « la distinction, l’exclusion ou restriction ou préférence établie entre Tunisiens et les étrangers » ne constitue pas une discrimination raciale. Bien que le mot exclusion n’existe pas dans la version arabe de la loi, cette deuxième partie de l’article laisse entendre que la discrimination contre les étrangers ne constitue pas un délit. Plus loin, dans l’article 8, la loi mentionne pourtant que la peine est doublée si « la victime est un enfant […] ou a le statut d’immigrant ou de réfugié ». De ce fait, l’étranger devrait avoir un statut reconnu par les autorités pour qu’il puisse être protégé contre la discrimination, mais la réalité est toute autre. Car la loi 2018-50 a également fixé les procédures à suivre pour porter plainte (cf. article 6). Ces procédures restent très complexes et nécessitent une connaissance des rouages administratifs ainsi qu’une grande persévérance. En effet, pour que la plainte puisse être prise en charge sérieusement, il est préférable que la victime soit accompagnée par un avocat. Mais il va sans dire que tous les Noirs tunisiens, mais plus encore les migrants subsahariens, n’ont pas les moyens pour se payer une assistance juridique.

Le témoignage[19] de Madame « L », citoyenne noire du sud tunisien, qui a porté plainte pour insultes racistes, montre que la loi ne garantit pas l’obtention d’une réparation. Madame « L » a fait toutes les démarches administratives nécessaires pour porter plainte, en appuyant sa demande par des preuves enregistrées sur son téléphone. Le juge a prétendu qu’il n’avait rien entendu et n’avait rien compris de l’enregistrement et l’affaire a été classée sans suite pour insuffisance de preuves. Ceci n’est qu’un exemple parmi des centaines qui montre que la promulgation d’une loi contre la discrimination doit aussi être accompagnée par une éducation contre le racisme au sein même des institutions de l’État tunisien qui restent encore très marquées par la vision bourguibien de la Nation.

La discrimination contre les Tunisiens noirs s’est d’ailleurs accentuée en Tunisie depuis la campagne qui a eu lieu contre les migrants subsahariens et le discours raciste prononcé par l’actuel président Kaïs Saïed[20] le 21 février 2023. Après quelques lueurs d’espoirs dans la période post-2011, le ciel semble aujourd’hui se refermer pour les Noirs de Tunisie. Les hommes noirs, particulièrement visés car plus actifs que les femmes dans l’espace public, sont souvent confrontés au racisme, notamment dans les transports. Pris parfois pour des Africains subsahariens à cause de leur couleur de peau, ils sont de plus en plus obligés de « prouver » leur nationalité tunisienne[21] pour pouvoir emprunter un taxi collectif appelé louage.

Conclusion

Le racisme demeure un sujet tabou dans le monde arabe, malgré les avancées portées par les mouvements de lutte contre le racisme. Dans cet article nous avons montré que le racisme anti-noir trouve ses racines dans l’histoire de la traite des esclaves et les interactions historiques entre les peuples africains et les sociétés du Moyen-Orient. Entre le VIIe et le XXe siècle, des millions d’Africains ont été capturés et vendus comme esclaves dans le monde islamique dans le cadre de la traite transsaharienne et de la traite des esclaves dans l’océan Indien. Bien que l’esclavage ait été officiellement aboli dans la plupart de ces pays au cours du XXe siècle, l’héritage de ces pratiques a laissé des traces profondes dans les attitudes et marque les stéréotypes raciaux.

Si la lutte contre le racisme anti-noir dans la région de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient est portée par des militants, des organisations de la société civile et, dans certains cas, des initiatives gouvernementales, ces efforts restent encore trop timide pour réellement promouvoir l’égalité des droits et un changement législatif sur ces sujets.

Dans notre étude de cas sur la Tunisie, nous avons montré que la lutte contre le racisme anti-noir, particulièrement après la révolution de 2010-2011, est marquée par l’émergence d’un mouvement social et politique significatif, par une avant-garde féminine. Ces militantes ont joué un rôle crucial dans l’adoption de la loi du 9 octobre 2018 contre la discrimination raciale, faisant de la Tunisie le premier pays de la région d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient à criminaliser cette forme de discrimination. Toutefois, cette avancée législative est confrontée à des défis d’application et à la persistance de pratiques discriminatoires, notamment envers les étrangers et dans les interactions quotidiennes. Les tentatives de remédiation à ces inégalités que sont la commémoration de l’abolition de l’esclavage, établie sans la participation de la communauté noire, ou la promulgation de loi organique 2018-50, révèlent des lacunes dans leur mise en œuvre effective et l’absence d’un véritable engagement contre la discrimination raciale. L’aggravation de la discrimination à l’encontre des Tunisiens noirs et des migrants subsahariens, notamment après les déclarations racistes certaines figures politiques, met en lumière les défis persistants et la nécessité d’une éducation antiraciste au sein même des institutions étatiques. La lutte contre le racisme en général et anti-noir en particulier doit rester un plébiscite de tous les jours pour les sociétés arabes.

Notes :

 

[1] Mohand HASHIM, « Racisme : le Soudan est en colère après une insulte diffusée à l’antenne lors du procès d’El-Béchir », BBC, 22 avril 2022 (consulté le 18 mars 2024). URL : https://www.bbc.com/afrique/region-61176114

[2] Marc-Antoine Pérouse DE MONTCLOS, « Les esclaves invisibles de l’Islam : à quand l’heure de vérité ? », Études, 2002, vol. 396, n° 6, p. 751-759.

[3] La rébellion des Zanj est un soulèvement majeur contre le califat abbasside, qui s’est déroulé de 869 à 883. La rébellion s’est déclenchée près de la ville de Bassorah dans l’actuel sud de l’actuelle Irak et était dirigée par Ali ibn Mohammed, un rebelle d’origine persane ou arabe. Elle évolue pour impliquer de nombreux esclaves et hommes libres de plusieurs régions du califat, et a causé la mort de centaines de milliers d’hommes avant d’être finalement réprimée.

[4] Ronald SEGAL, Islam’s black slaves: The other black diaspora. New York/ Londres, Macmillan, 2002.

[5] Voir l’intervention de l’historien noir tunisien Salah Trabelsi lors de la conférence organisée dans le cadre du cycle annuel de conférences 2012-2013 par les Anneaux de la Mémoire et le CRHIA, Université de Nantes dans le cadre du programme STARACO, https://www.youtube.com/watch?v=UNaxPM5fUos&t=236s.

[6] Voir par exemple : Maha ABDELHAMID, « De Arram à Gabès. Mémoire d’une famille noire », in Stéphanie Pouessel (dir.), Noirs au Maghreb : enjeux identitaires. Paris, Karthala Éditions, 2012. Voir également : M’hamed OUALDI, « Commémorer l’abolition de l’esclavage en Tunisie. Les droits des citoyens noirs et l’histoire des esclaves d’origines européennes », Esclavages & post-esclavages/Slaveries & Post-Slaveries, n° 4, 2021.

[7] Maha ABDELHAMID, « Les femmes noires tunisiennes : la couleur de notre colère », Afrique du Nord News, 11 septembre 2018 (consulté le 18 mars 2024). URL : https://adn-news.com/les-femmes-noires-tunisiennes-la-couleur-de-notre-colere ; voir également : Ines MRAD DALI, « Les mobilisations des Noirs tunisiens au lendemain de la révolte de 2011 : entre affirmation d’une identité historique et défense d’une « cause noire », Politique africaine, 2015, n° 4, p. 61-81.

[8] Jalel Dhiab est secrétaire général du mouvement des Irakiens Libres, Ansar Al-Horrya. Il a été surnommé Martin Luther-King d’Irak et meurt assassiné le 26 avril 2013 à Bassora. À la suite de son assassinat, le mouvement pour les Noirs irakiens ralentit. Pour aller plus loin, voir : Saad SALLOUM, « Sur les traces de Martin Luther King : Assisterons-nous à une révolution contre la discrimination raciale au Moyen-Orient », Arab Reform Initiative, 21 juillet 2020 (consulté le 18 mars 2024). URL. https://www.arab-reform.net/publication/in-the-footsteps-of-martin-luther-king-will-we-witness-a-revolution-against-racial-discrimination-in-the-middle-east/

[9] Enquête du Réseau de recherche du baromètre de l’opinion arabe basé à l’université de Princeton aux États Unis a été réalisé en 2021-2022. Elle a sondé les opinions de 23 000 personnes de Jordanie, d’Égypte, de Tunisie, de Liban, du Maroc de Mauritanie, de Soudan, d’Irak, de Libye et des territoires Palestiniens. Pour aller plus loin, voir le rapport du Baromètre arabe 2022 : https://www.arabbarometer.org/report/racial-discrimination-and-anti-blackness-in-the-middle-east-and-north-africa/ (consulté le 18 mars 2024).

[10] Maha ABDELHAMID, « De la libération de la parole raciste à l’émergence d’un mouvement contre le racisme anti-noir » in : Amin ALLAL et Vincent GEISSER (dirs.), Tunisie, une démocratisation au-dessus de tout soupçon ? Paris, édition du CNRS, 2018, pp. 343-356.

[11] On peut citer les noms de Jamila Ksiksi, députée au Parlement Tunisien élue en 2014 et en 2019, Saadia Mosbah, présidente de l’association M’nemty, Amina Soudani ou encore Latifa Letifi, Fatma Ben Barka Messaoudi, Fathia Debbech, Imen Ben Ismaîl, Khaoula Ksikssi. Afifa Letifi, Huda Mzioudet,

[12] Parmi les associations qui ont rejoint la lutte anti-raciste en Tunisie, on peut citer le CRLDHT – Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie, l’Association des Tunisiens en France (qui était la première association à rejoindre la lutte contre le racisme anti-noir), la Ligue des droits de l’homme en Tunisie, la fondation EuroMed, l’Association des journalistes Tunisiens et l’Association Beity.

[13] La Loi 50 vise à lutter contre toutes les formes de discrimination raciale basée sur la couleur de peau en Tunisie et ce afin de protéger la dignité humaine et d’instaurer le principe de l’égalité entre tous les individus.

[14] L’abolition de l’esclavage en Tunisie a eu lieu le 23 janvier 1946 par Ahmed Bey.

[15] En octobre 2012, les associations ADAM pour l’égalité et le développement, M’nemty et Aqalyet signent une pétition pour demander la mise en place d’une journée nationale de commémoration de l’abolition de l’esclavage tous les 23 janvier. Cette requête a été soumise par Tawfik Chairi au bureau de relation avec le citoyen au palais présidentiel.

[16] M’hamed OUALDI, art.cit., 2021.

[17] Voir par exemple : Huda MZIOUDET, عن الصمت والغياب والحضور: إلى اين وصلت تعبئة التونسيين السود بعد 2011,  URL : https://shorturl.at/fhkqR ; Voir également : Afifa LTIFI, “Black Tunisians and the Pitfalls of Bourguiba’s Homogenisation Project”, in: Africa and the Middle East : Beyond The Divides, POMPS Studies 40, June 2020. Voir encore : Ines REGUIGA, Penser et articuler la race après le printemps arabe : Les associations antiracistes Tunisiennes Après la révolution de 2011. Mémoire de master II en histoire contemporaine, sous la direction de M. Philippe Bourmaud, Maître de conférences en Histoire Contemporaine, Université Lyon III Jean Moulin, 2022.

[18] Le 7 avril 2021, le gouvernement tunisien a adopté le décret n° 2021-203 pour la création d’une Commission nationale de lutte contre la discrimination raciale. Mais cette commission n’a toujours pas vu le jour.

[19]  Témoignages (écrit et oraux) de la victime dans un groupe de discussion sur Messenger regroupant l’avocat tunisien noir Khaled Ben Saad, l’activiste tunisien noir Saad Idoudi, Fatm Ben Barka et Maha Abdelhamid du collectif Voix des femmes tunisiennes noires.

[20] Amnesty International, « Tunisie. Le discours raciste du président déclenche une vague de violences contre les Africain.e.s noirs », 10 mars 2023 (consulté le 18 mars 2024). URL : https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2023/03/tunisia- presidents-racist-speech-incites-a-wave-of-violence-against-black-africans/ ; voir également : Vincent GEISSER, « Tunisie, la chasse aux migrants subsahariens est ouverte. Comment la pionnière de la démocratie dans le monde arabe est devenue le théâtre d’un racisme d’État », Migrations Société, 2023, n° 1, p. 7-20.

[21] Témoignage de « E » extrait d’une discussion sur le Messenger, mars 2023.